Randall Bramblett and Geoff Achison - Live At Eddie's (2010)

Titles:

01 - Sent To The Edge
02 - Queen Of England
03 - Nobody's Problem
04 - One Ticket
05 - My World
06 - Tell Me Something
07 - Driving To Montgomery
08 - Wise Man Rule
09 - See Thru Me
10 - Jungle
11 - Get In

Personnal :

Randall Bramblett - vocals, acoustic guitar, tenor sax, keyboards
Geoff Achison - vocals, acoustic and electric guitars
Yonrico Scott - drums
Ted Pecchio - bass
Oliver Wood - electric guitar

Autant l'annoncer tout de suite, je n'avais pas été trop emballé par le dernier opus studio de Randall Bramlett. Alors je m'attendais un peu au pire avec cet album live enregistré le 13/06/2010 au légendaire Eddie’s Attic à Decatur, Géorgie. Est-ce l'effet magique de la prestation scénique ou le fait que cette fois Randall ait été boosté par sa collaboration avec l'excellent guitariste Geoff Achison? En tous cas on relève dans cet album plutôt bien enregistré un louable souci d'efficacité, avec une set-liste piochée dans les titres des deux leaders, un morceau de l'autre succédant généralement à un morceau de l'un, mais pas toujours, et des arrangements qui limitent la place des possibilités de digressions harmoniques un peu molles et hasardeuses qui m'avaient un peu ennuyé dans les efforts en studio de Randall Bramlett. Qu'on ne se fasse pas non plus d'illusions : lorsqu'il prend place derrière les claviers, Randall Bramlett retombe de temps en temps dans ses péchés mignons assez dans l'esprit de certains jazzeux, mais fort heureusement ce n'est si fréquent et surtout pas du tout la dominante de l'album qui offre quelques passages assez jouissifs, avec même un savoureux duel de guitares acides entre Wood et Achison (« Jungle ») plus dans l'esprit blues ou sudiste, mais avec des sonorités plus influencées par la côte ouest. Et puis Randall nous réserve aussi quelques parties de sax remarquables venant en particulier orner les compositions de Achison.

Dans les questions qui fâchent, relevons aussi les vocaux d'Achison quelque peu « bêlants », agaçants à force de vibrato artificiel. Mouloudji pas mort! Dommage! Par contre, on peut souligner l'impeccable travail réalisé par la rythmique (vous avez déjà entendu Yonrico Scott mal jouer, vous?), absolument irréprochable dans le style, et qui contribue de façon notable à gentiment faire swinguer les morceaux, l'habillage sonore provenant essentiellement des deux leaders, Randall Bramlett permettant par ses capacités de multiinstrumentiste de faire varier agréablement les ambiances sonores. Vous avez même des morceaux à trois guitares! Si si! Bon, OK, il y a de l'acoustique, mais ça compte quand même.

Non, vraiment, cet album se laisse très agréablement écouter, dans un style à la fois cool et nerveux (c'est possible), où l'énergie soigneusement disciplinée doit s'utiliser à bon escient, tout comme celle du public car l'ambiance du club ne ressemble en rien à celle d'un pogo effréné, mais on sent des connaisseurs attentifs. La compétence des musiciens ne fait aucun doute, au point où ces versions des titres joués sont probablement les plus abouties, les apports mutuels des musiciens contribuant de façon étonnante à leur bonification. La musique classée avec les « jam bands » reste fortement influencée par le jazz, même si l'intro de « Nobody's Problem » fait irrésistiblement penser à « You Can't Always Get What You Want », mais des oreilles sudistes se réjouiront à l'écoute de pièces rendues bien swinguantes par la tonicité des musiciens. Finalement plutôt une bonne surprise qui pourrait plaire à ceux qui, tiens tiens, ont aussi apprécié l'album de Bruce Brown!

Y. Philippot-Degand